Chapitre 6 : Fabricant, Marchand et Conseiller

« Sennelier est le seul marchand à notre connaissance à s’être autopublié. Cela est d’autant plus important que La Chimie des couleurs n’est pas un simple fascicule écrit par un fabricant en mal de publicité. À cette époque, Sennelier fabrique lui-même ses couleurs dans son arrière-boutique, résultat de sa passion pour la chimie. De plus, cet ouvrage à portée scientifique s’adresse plus particulièrement aux artistes professionnels. La raison en est double : d’une part, il désire par ce biais les sensibiliser à l’importance de la connaissance de notions élémentaires de chimie, des matériaux qu’ils ne maîtrisent pas toujours et qui peuvent avoir des conséquences désastreuses sur leurs travaux quand des précautions ne sont pas prises pour les éviter. Ensuite, le marchand se présente comme un professionnel en qui les artistes peuvent avoir confiance », analyse Clotilde Roth-Meyer13. En guise de conclusion, Gustave Sennelier insiste sur « Ce qu’un artiste devrait savoir », donnant en passant un coup de griffe aux écoles et académies de peinture « qui avant de mettre un pinceau entre les mains d’un futur artiste » feraient mieux de lui apprendre les bases de la chimie. Il comprendrait alors que les couleurs sont des « combinaisons chimiques bien dé nies et non des mélanges », qu’elles sont en très petit nombre dans la nature et que les nuances sont « des créations de l’industrie chimique pour satisfaire toutes les demandes ». L’auteur envisage son rôle comme celui d’un conseiller qui donne à l’artiste les moyens d’élaborer et perfectionner sa propre recette en toute connaissance de causeD'après le livre de P.Richard